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C’est
par le mouvement que l’espace prend du sens. Le mouvement engendre
l’espace par l’intermédiaire de la lumière et des corps qui s’y
déplacent. Ceux-ci n’étant eux-mêmes qu’au travers du mouvement
qui les animent. Déplacements microscopiques des éléments dans l’espace,
combinaisons en tout genre qui constituent notre monde. Le monde
évolue au travers des multitudes de relations, de connexions, de
conjonctions entre les choses, entre les êtres. Nous ne sommes que
des intermédiaires ponctuels en regards de la somme des corrélations
engendrées par l'univers. Si l'on prend suffisament de distance,
et que l'on regarde la Terre de loin, ne s'émerveille-t-on pas de
sa beauté en mouvement permanent et chaotique?
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Philippe
Quéau décrit un art intermédiaire, un art automatique, un art du
mouvement autonome. "Il est art parce qu'il est force et
forme. Il est art parce qu'il se mêle à la matière, parce qu'il
se modélise suivant les formes". Cette nouvelle forme d'art
nous est actuellement accessible par le biai des technologies de
la télécommunication et des logiciels. Des ordinateurs judicieusement
connectés et programmés peuvent mener une sorte de vie autonome.
Il ont la puissance de la récurrence leur permettant d'analyser
leurs résultats et de se reconfigurer au cours du temps, de s'autoréguler.
"Metaxu ne finit jamais d'apprendre sur lui-même des choses que
personne n'a jamais sues." C'est dans ce sens que nous rapprochons
cette idée de la bibliothèque, lieu par lequel l'information s'accumule,
s'actualise, se diffuse, en perpétuel mouvement, sans que personne
ne puisse la délimiter vraiment. Seul cette mouvance, cet échange
entre les Hommes, entre les Hommes et la Matière et au sein de la
Matière elle-même donnent un sens à "l'être". Mais l'être n'a du
sens que par rapport aux autres. Ce qui compte, c'est, non pas "l'être",
mais "l'être ensemble"(Th. Paquot). C'est ce qui se passe "entre"
les êtres qui importe, tous ces flux qui nous baignent, tous ces
liens qui se mèlent. Les nouvelles technologies nous permettent
et nous permettront une gouvernance plus adéquate de ces flux à
condition que l'Homme soit capable d'optimiser de tels systèmes.
Il nous faut disposer d'une structure de base suffisamment juste
et étudiée, de règles et de méta-régles, d'éthique et d'esthétique
pour continuer d'explorer les nouveaux espaces que l'imagination
humaine ne cesse d'engendrer.
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