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Face
à la complexité labyrinthique, face à la multiplicité des mondes
virtuels possible, Philippe Quéau dans "Le virtuel, vertus
et vertiges" propose deux voies de recherche. L’intellection
s’efforce de cheminer entre les images et les modèles, entre les
phénomènes et le noumènes, mais aussi entre le réel et le virtuel,
en tâchant de les relier, de les com-prendre, de les unifier sous
le soleil de l’essence.
En
revanche, la démarche de l’élection vise à séparer clairement ce
qui relève du virtuel et ce qui est réel. Elle récuse définitivement
toute confusion et tout mélange de ces deux ordres. Elle rejette
sans délai les chimères hybrides, les idoles composites. Elles s’efforce
cependant quand c’est possible, et pour les ramener dans le réel,
d’extraire (d’abstraire) des mondes virtuels quelques signes et
quelques symboles, traces du mouvement infini des modèles et des
images, témoins permanent, restes bien réels d’une putative existence
virtuelle.
Après
avoir examiné les divers éléments du problème, soit on tente
de les réunir dans une entité hybride, soit on évite la confusion
en clarifiant les positions et les relations de chacun. Cette deuxième
solution se divisant à son tour, par sa nature d’élection, en deux
voies : l’une visant à explorer le virtuel et ses possibilité d’expérimentation
de l’espace, l’autre pour projeter un espace physique, une architecture
pure et dure avec ce qu’elle peut comprendre de virtuelle.
Nous
avons préféré l’élection afin d’approfondir et de clarifier le problème
en lui donnant du sens. De plus nous nous focalisons sur la la deuxième
voie, celle du virtuel. Choisir un site réel étoufferait la réflexion
sur le devenir de l’environnement de l’homme de l’information. S’intégrer
à un site réel pour y projeter un volume issu de fonctions programmées
quelconques nuit à l’exploration des capacités intrinsèques du virtuel.
Nous pensons qu’il est plus intéressant de tenter de comprendre
l’évolution, la mutation qui s’opère dans l’esprit humain à une
période de révolution du langage et de développement d’une nouvelle
culture plutôt que de vouloir hybrider la réalité qui en voit déjà
de toute les couleurs.
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Le sensible et
l'intelligible forme l'inséparable dualité d'une représentation.
Ce dualisme prend une grande importance dans l’environnement des images
de synthèses. Il s’agit en fait d’une révolution du langage qui s’opère
au niveau du sens de ce que l’on perçoit. Les mots sont statiques.
Nous écrivons de façon linéaire des mots transposés phonétiquement
de la langue à la feuille de papier. L’hypertexte vient offrir une
dimension supplémentaire. Mais la révolution se fait au niveau de
la modèlisation des idées au travers des images et par l’intermédiaire
des langages informatiques basés sur le langage binaire, et des programmes
qui en découlent. Nous parlons de médiation des images et des modèles.
"Les images permettent la perception sensible des modèles intelligibles
."P.Quéau, p23, "Le virtuel, vertus et vertige"
Ce qui importe, c’est de bien comprendre que l’expérience sensible
du " virtuel " est fonctionnellement liée à sa compréhension intelligible
et réciproquement. Le modèle et l’image sont constitué l’un par l’autre.
Il y a un aller-retour permanent entre l’intelligibilité formelle
du modèle et la perception sensible de l’image. |