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Depuis son origine, la
dynamique, la théorie physique qui s'identifie avec le triomphe
même de la science, impliquait la négation radicale
du temps, réduit à un temps unique et absolu. L'enchaînement
des causes et des effets est rigoureusement déterministe.
Il implique la réversibilité des rapports entre ce
qui se perd et ce qui se crée. Il est également indissociable
de l'idée d'espace absolu, référentiel et unificateur.
Ainsi, le foyer régissant les espaces de l'architecture est
un point(espace centralisé, Renaissance) ou deux points (ellipse,
Baroque) jusqu'à la ligne (espace structure), qui crée
des liens géométriques. Ces configurations de foyer
entretiennent des liens réversibles avec l'espace, la cohérence
et la structure de celui-ci créent l'impression subjective.
En 1915, Einstein
propose ce que nous appelons maintenant la Théorie de la
Relativité générale. Il avance, contre Newton,
la suggestion révolutionnaire que la gravitation n'est pas
une force comme les autres, mais une conséquence du fait
que l'espace-temps n'est pas plat : il est courbe, gauchi par la
distribution de masse et d'énergie qu'il contient. "
En relativité, il n'y a pas de temps absolu unique, chaque
individu a sa propre mesure personnelle du temps qui dépend
du lieu où il est et de la manière dont il se déplace
(S. Hawking, "une brève histoire du temps)". L'espace
et le temps sont maintenant des quantités dynamiques, ils
n'affectent pas seulement les données d'un environnement,
ils en sont aussi affectés.
A l'inverse, le lieu va ainsi également dépendre de
la mesure personnelle du temps de chaque individu. En architecture,
l'homme devient foyer, l'espace est affecté par son parcours
et entretient des rapports dynamiques avec lui. Ce parcours, d'abord
linéaire, va s'incurver et générer une architecture
dans laquelle préexiste déjà l'idée
de parcours créationnel et spirituel.
Les sciences
ne peuvent être séparées de l'aventure humaine,
ni de sa représentation. Chacun connait la comptine à
propos du clou qui manqua au fer dont la perte immobilisa le cavalier,
dont l'absence détermina la défaîte lors d'une
bataille qui provoqua la chute de l'Empire
Cette question
désigne toujours une problèmatique de changement d'échelle,
une fractale temporelle. Certains événements sont
donc susceptibles de transformer le sens de l'évolution qu'ils
scandent, c'est-à-dire, réciproquement, que cette
évolution soit caractérisée par des mécanismes
ou des relations susceptibles de donner un sens à l'événement,
d'engendrer à partir de lui de nouvelles cohérences.
Les recherches récentes d'Ilya Prigogine définissent
ces états de la matière et de l'information où
tous les possibles s'actualisent, coexistent et interfèrent,
le système est " en même temps " tout ce
qu'il peut être. Ces systèmes enferment un caractère
infini et irréversible, presque une pure symbolique. Ces
nouvelles notions qu'articulent la physique constitue la promesse
d'un renouvellement de la cohérence culturelle, et de la
construction de l'espace architectural. Le foyer n'est plus l'homme,
qui ne peut remplir cette exigence du " tout en même
temps ", mais ce caractère informatif et infini, ce
lieu de transformation de la conscience réelle à la
conscience virtuelle. Ce nouveau foyer est la limite qui fait basculer
le réel dans le virtuel, l'objet dans l'image, la conscience
dans le rêve. Il donne naissance à un espace qui transforme
les données physiques et les liens spatiaux en interprétations,
La fonction, le regard, la circulation, le besoin sont alors réinterprétés
par des liens d'interférences et des espaces de purs possibles,
ils sont remplaçés par leur image, qui les syncrétise
dans le temps.
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